Histoire du lieu
Fondation
Le site de l'abbaye (Aurea vallis) est occupé dès l'époque mérovingienne. Une chapelle y est construite au xe siècle. En 1070, un groupe de bénédictins, venus de la Calabre (Italie), y bâtit une église et un prieuré, sur des terres données en usufruit par le comte de Chiny, Arnoul Ier.
Vers 1076, la suzeraine, Mathilde de Toscane, comtesse de Briey, passe dans la région et ratifie la donation faite par son vassal aux moines bénédictins. C’est à cette époque qu’a lieu le célèbre inci1
Fondation
Le site de l'abbaye (Aurea vallis) est occupé dès l'époque mérovingienne. Une chapelle y est construite au xe siècle. En 1070, un groupe de bénédictins, venus de la Calabre (Italie), y bâtit une église et un prieuré, sur des terres données en usufruit par le comte de Chiny, Arnoul Ier.
Vers 1076, la suzeraine, Mathilde de Toscane, comtesse de Briey, passe dans la région et ratifie la donation faite par son vassal aux moines bénédictins. C’est à cette époque qu’a lieu le célèbre incident de l’anneau tombé dans une fontaine et reparu comme miraculeusement. Du passage de la duchesse de Toscane, l’abbaye a reçu son nom « Vallis aurea » (Val d’or ) et son blason (anneau d’or dans la bouche d’un poisson). Aujourd’hui encore la fontaine Mathilde en perpétue la mémoire.
Au bout d'une quarantaine d'années — et pour des raisons inconnues — les bénédictins quittent les lieux. Le comte Othon leur substitue, en 1110, une communauté de chanoines augustins. Une première église, dédiée à Notre-Dame, est inaugurée le 30 septembre 1124 par l'évêque de Verdun, Henri de Blois. Elle mesure 53 mètres de long et 25 mètres de large. Les chanoines souhaitent cependant devenir moines.
Passage à l'ordre de Cîteaux
Albert de Chiny, secondé par son oncle, le saint évêque de Verdun Alberon de Chiny, se tourne vers Bernard de Clairvaux qui demande à sa première fondation, l'abbaye de Trois-Fontaines en Champagne d'envoyer quelques moines cisterciens encadrer les chanoines d'Orval qui souhaitent passer à l'ordre de Cîteaux.
Constantin — un Bienheureux d’après le ménologe cistercien — dirige le groupe, en étant ainsi le premier des 51 abbés qui se succéderont à Orval. En mars 1131, Orval devient abbaye-fille de Trois-Fontaines et, en fait, toute première abbaye cistercienne dans la région. Les bâtiments sont adaptés aux besoins monastiques. Thierry de Vitry, deuxième abbé, crée la première bibliothèque d'Orval en faisant copier livres et manuscrits se trouvant en d'autres abbayes. Adam de Longwy, quatrième(?) abbé (1167-1173), met en chantier la construction de l’abbatiale. L'église est terminée avant 1200. le domaine agricole et forestier est progressivement agrandi.
Les débuts n'en sont pas moins difficiles et la communauté vit longtemps dans l'indigence. Un incendie, en 1252, n'arrange rien. L'endettement est si grave que le chapitre général de Cîteaux, en sa session de 1316, autorise l'abbé de Trois-Fontaines à fermer Orval, vendre ses biens et disperser les religieux dans d'autres maisons.
L'abbé n'en fait rien cependant. Durant quatre siècles Orval vit l'existence effacée d'un monastère perdu dans la solitude de la grande forêt ardennaise. Certaines périodes sont prospères et d'autres difficiles. Située en effet à la frontière entre le royaume de France et l'Empire, Orval subit les conséquences des guerres et conflits du xve siècle au xviie siècle.
xviie siècle
Marqué par les longs abbatiats de deux grandes personnalités, Orval retrouve prospérité et réputation de sainteté durant le xviie siècle. Bernard de Montgaillard, imposé comme abbé par l'archiduc Albert en 1605, est d'abord mal reçu par les moines. Mais il parvient à s'imposer et introduit progressivement un retour aux pratiques religieuses régulières. Il acquiert l'estime des moines et rapproche l'abbaye du peuple des alentours. La nouvelle réputation d'Orval attire: durant son abbatiat (de 1605 à 1628) le nombre de moines augmente sensiblement.
Quelques années après la mort de Montgaillard, au plus fort de la guerre de Trente Ans, en date du 2 août 1637, l'abbaye est pillée et incendiée par les soldats du maréchal de Châtillon.
La période qui suit est plus paisible sur le plan politique et la communauté retrouve équilibre et prospérité sous la direction de l'abbé Charles de Bentzeradt. Le 45e abbé d’Orval (de 1668 à 1707) encouragé par l’abbé de Rancé qu’il rencontra plusieurs fois poursuit l’œuvre de Montgaillard, imposant un retour strict aux observances du Cîteaux originel: abstinence totale de viande, travaux manuels pour tous, longues périodes de jeûnes. Orval adopte le coutumier particulièrement austère de l’abbaye de la Trappe après y avoir envoyé quelques moines pour y être formés. Plus dur est le régime, plus nombreuses sont les vocations! Bien que plusieurs fondations aient été faites, le nombre de moines à Orval dépasse la centaine à la mort de Bentzeradt.
Crise janséniste
Cependant dans l'imposition stricte d'une austérité très dure Bentzeradt permet à un esprit janséniste de s’introduire dans la communauté. Cela conduit à la plus grande crise que connaîtra l’abbaye. Il accepte comme moines dans son abbaye des jansénistes militants. Sous des apparences d’humilité et de dévotions aux plus humbles travaux ceux-ci transforment l’abbaye en foyer janséniste. Sous son abbatiat l’abbaye est un centre important de rayonnement janséniste. Orval est en rapports étroits avec l’abbaye de Port-Royal. Pierre Nicole se réfugie quelque temps à Orval. Son militantisme devient encombrant. Par prudence Bentzeradt lui demande de quitter son abbaye.
La crise éclate au grand jour lorsque, par la bulle Unigenitus (1713) Clément XI condamne le jansénisme. Une large partie de la communauté monastique d’Orval, une des plus grandes de l’ordre cistercien, refuse de signer. Ils sont dénoncés à Rome ce qui provoque une visite canonique du monastère, ordonnée par le pape Benoît XIII. Jean-Mathieu Mommerts est abbé. À peine la visite canonique est-elle commencée, en septembre 1735, qu’une quinzaine de moines prennent la fuite, de nuit, et se réfugient auprès de l’évêque janséniste d’Utrecht, où ils forment une communauté « orvaliste ». On découvre qu’ils étaient en correspondance avec Pasquier Quesnel et Duguet et gardaient dans leurs cellules des reliques et objets appartenant aux Arnauld.
Leur départ apporte un dénouement à la crise. L’abbé Albert de Meuldre, successeur de Mommerts (1741), quelque peu sympathisant janséniste, doit démissionner en 1757. Celui qui lui succède, dom Pinart, même si strict et rigide, ramène la paix parmi les moines.
xviiie siècle
Au xviiie siècle, Orval, située sur un cours d'eau au cœur d'une vaste forêt, peut développer une industrie sidérurgique exemplaire.
Au moment de la Révolution française, en 1793, les troupes du général Loison incendient l'abbaye et la communauté est dispersée: le monastère est l'un des lieux visés par les pillards. Avant d'y mettre le feu, en 1793 (les moines étaient réfugiés en lieu sûr), ils ont fouillé partout car, comme d'autres, ils ont entendu dire que les religieux avaient enterré de nombreux objets précieux… Des paysans ont juré avoir vu des hommes vêtus de la robe de bure enfouir, notamment, des calices et des ciboires en or.
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