Histoire du lieu
Dans le cadre des manœuvres diplomatiques visant à annexer le duché de Lorraine au royaume de France, Stanislas Leszczyński, ancien roi de Pologne et beau-père de Louis XV, avait reçu le duché en viager en 1737.
Le duc Léopold avait entrepris la reconstruction de la Lorraine, ravagée par les guerres du siècle passé. Il s'était entouré d'architectes et d'artistes comme Germain Boffrand qui formera Emmanuel Héré, la famille Mique, Barthélemy Guibal, Lamour... Stanislas trouve donc une équipe d'a1
Dans le cadre des manœuvres diplomatiques visant à annexer le duché de Lorraine au royaume de France, Stanislas Leszczyński, ancien roi de Pologne et beau-père de Louis XV, avait reçu le duché en viager en 1737.
Le duc Léopold avait entrepris la reconstruction de la Lorraine, ravagée par les guerres du siècle passé. Il s'était entouré d'architectes et d'artistes comme Germain Boffrand qui formera Emmanuel Héré, la famille Mique, Barthélemy Guibal, Lamour... Stanislas trouve donc une équipe d'artistes de grand talent à son arrivée. Important l'art baroque d'Europe centrale, il insuffle une innovation de style en Lorraine qui servira d'inspiration pour des réalisations ailleurs en France.
Cette belle place a été nommée « place entre les Deux Villes », « place devant l'hôpital Saint-Julien »puis en 1755 « place Royale », en 1792 « place du Peuple » en 1804 « place Napoléon », en 1814 « place Royale » en 1831 « place Stanislas », en 1848 « place du Peuple » et depuis 1851 « place Stanislas ».
Le site
Au milieu du xviie siècle, une vaste esplanade séparait la Ville-Vieille et la Ville-Neuve construite par Charles III en 1588. Si les fortifications de la Ville-Neuve avaient déjà été remplacées par un simple mur d'octroi, la communication restait difficile entre les deux villes. En effet en 1725-1729, le roi de France avait interdit au duc Léopold d'abattre les remparts de la Ville-Vieille et la Porte Royale, ouverte au xviie siècle, formait un véritable goulet d'étranglement. En août 1746, l'accès par la porte avait été néanmoins sensiblement amélioré en remplaçant par une chaussée le pont qui franchissait le fossé.
D'un côté de la porte se trouvait la place de la Carrière : un espace créé au xvie siècle pour les joutes et tournois. Elle était bordée de maisons sans cohérence architecturale, mais aussi de bâtiments de valeur comme l'hôtel de Beauvau-Craon, édifié par Germain Boffrand. De l'autre côté se trouvait une sorte de terrain vague, avec quelques habitations gagnées sur la zone des anciennes fortifications. Avant le règne du duc Léopold, ce lieu servait à l'exposition des condamnés au pilori.
De chaque côté de la porte s'étendait une courtine reliant les bastions d'Haussonville et de Vaudémont. À l'emplacement de l'actuelle place Vaudémont se trouvait le bastion d'Haussonville et le bastion de Vaudémont était donc celui situé à l'entrée du parc de la Pépinière.
Projets
Projet des places Royale et de la Carrière.
C'est en 1751 que Stanislas convoque à Lunéville Nicolas Durival, lieutenant de police de Nancy, pour lui annoncer son projet de construire une nouvelle place.
Destinée à honorer son gendre, le roi Louis XV de France, elle vise d'une part à habituer les Lorrains à leur futur souverain et d'autre part à s'attirer les faveurs du monarque.
Alors que les places royales sont traditionnellement des lieux à l'écart de la foule, comme l'exemple parisien de la place des Vosges, le projet de Stanislas est de rassembler les services administratifs de la cité, ainsi que des lieux de divertissements, au croisement de deux axes majeurs. Au front nord de la Ville-Neuve, deux rues parfaitement alignées suivant un axe est-ouest conduisent à la place. À l'extrémité de chacune d'elles, deux portes sont construites : la porte Saint-Stanislas et la porte Sainte-Catherine. L'axe nord-sud s'étend du Palais ducal au nouvel hôtel de ville à travers l'arc de triomphe.
Les anciennes fortifications.
Lors de la guerre de Succession d'Autriche, les environs de Nancy furent militairement menacés en 1743 et 1744. Le projet d'ouvrir un passage à hauteur de la Porte de France se heurta donc aux oppositions du maréchal de Belle-Isle, responsable militaire des Trois-Évêchés, et de Marc-Pierre de Voyer de Paulmy d'Argenson, secrétaire d'État à la Guerre, qui souhaitaient que Nancy restât une ville fortifiée.
Face à ces difficultés, Stanislas envisage alors de changer de lieu et de restructurer la place du Marché dans la Ville-Neuve, en détruisant notamment l'hôtel de ville qui se situait alors face à l'église Saint-Sébastien. Ce sont cette fois les commerçants du quartier qui rejettent le projet.
Il arrive finalement à un compromis pour le site qui jouxte la Porte de France, en s'engageant à conserver intacts une grande partie des fortifications et le fossé. La nécessité de les masquer influencera l'architecture de la place. Stanislas prend cependant l'initiative de faire détruire une grande partie du bastion d'Haussonville, bien que le projet initial prévoie de le conserver.
Stanislas éprouve des difficultés à concéder les terrains aux bourgeois de ce qui n'est encore qu'une modeste bourgade de 25 000 habitants et il doit intégralement financer les façades des édifices. Il engage ainsi de nombreuses dépenses : 498 774 francs pour l'hôtel de ville, 272 791 francs pour le collège de médecine, 161 453 francs pour la statue centrale, 140 420 francs pour les basses-faces, 132 430 francs pour l'hôtel des fermes et 15 800 francs pour l'arc de triomphe.
Le chantier
Pendant les travaux.
Dans un premier temps le projet est confié à Jean-Nicolas Jennesson, mais son style étant jugé trop classique, il est remplacé par Héré.
Le 18 mars 1752, François Maximilien Ossolinski pose officiellement la première pierre du premier édifice, le pavillon Jacquet. Le chantier qui nécessite la présence de 400 ouvriers simultanément ne dure que trois ans et demi.
La place est recouverte de pavés de couleur rouge avec des lignes de pavés noirs autour de la statue, le long des trottoirs et en diagonale.
C'est le 26 novembre 1755 qu'a lieu l'inauguration solennelle de la place. Stanislas veut frapper les esprits par le faste des célébrations. Le 22 novembre 1755, il quitte Lunéville et s'installe au château de la Malgrange. Le 25 novembre il assiste à une messe à la Primatiale en présence des corps constitués. Nancy est envahi par une foule de Lorrains et d'étrangers venus assister à l'événement.
Le matin du 26, Stanislas assiste à une messe à Bonsecours. Vers midi, il entre à Nancy, en cortège de sept carrosses accompagnés de pages à cheval, par la porte Saint-Nicolas ; les honneurs lui sont rendus par les régiments de garde et des tirs d'artillerie. Le lieutenant de police Thibault de Montbois accueille le duc Stanislas et Chaumont de La Galaizière sur la place. Ils se rendent au balcon de l'hôtel de ville où ils assistent à la cérémonie pendant laquelle Guibal et Cyfflé dévoilent au public la statue royale. Alors qu'ils quittent le balcon, un morceau de plâtre se détache d'une corniche. Craignant un attentat, la garde donne l'alerte. S'ensuit un moment de panique vite maîtrisé. Vers 15 heures, ils assistent au théâtre à une représentation donnée par la troupe de Lunéville d'une pièce de Charles Palissot de Montenoy, Le Cercle ou les Originaux. Cette farce, qui moque Jean-Jacques Rousseau, fera scandale dans les cercles philosophiques. Après la pièce, un bal est donné dans la grande salle de l'hôtel de ville. Une fois la nuit tombée, des tonneaux de vin sont disposés devant les fontaines de la place à disposition du peuple qui vient gaiement y boire. Pendant ce temps, rue Saint-Dizier, deux cents opposants manifestent devant un buste du duc Léopold. Le feu d'artifice qui devait clôturer la fête sera reporté à cause de la pluie.
Modifications ultérieures
En 1759, Stanislas fait don de la place Royale, ainsi que de la place Carrière et de la Pépinière, à la municipalité de Nancy.
En 1792, du fait de la Révolution, la place est fortement endommagée et la statue centrale est détruite. Le 26 avril 1792, elle est renommée place du Peuple. Elle deviendra ensuite place Napoléon sous l'Empire, puis sera renommée place Royale le 2 mai 1814 à la Restauration.
Dès la fin du xviiie siècle, les pavés sont tellement dégradés qu'ils doivent être entièrement retirés. Au xixe siècle, une chaussée pavée fera le tour de la place, le centre restant en terre battue.
Le 14 janvier 1813, un régiment de cosaques entre dans la ville et bivouaque sur la place sans occasionner de dégâts.
En 1831, une nouvelle statue de Stanislas est inaugurée et la place prend son nom définitif de place Stanislas.
Les huit premiers réverbères sont installés en 1836, aux angles de la place et au pied de l'arc de triomphe. On en ajoute bientôt quatre autres, au milieu des côtés. C'est à la même époque qu'on dispose des lanternes accrochées par des consoles en fer forgé aux façades. En 1857, on complète par de nouveaux réverbères et des bornes sur la périphérie. Durant les années 1861 et 1862, les trottoirs sont élargis.
En 1958, le sol de la place est nivelé pour le rendre horizontal. Les marches qui supportent la statue sont modifiées pour les adapter à la nouvelle configuration du terrain et les grilles qui les entouraient sont supprimées. Le sol est recouvert de pavés mosaïques (8-10 centimètres) et de dalles gris terne, la périphérie et les trottoirs sont bitumés. L'opération est un échec sur le plan esthétique. Ouverte au stationnement, la place dispose de 600 emplacements de parking.
En 1983, le stationnement automobile est interdit.
Restauration pour le 250e anniversaire
De grands travaux de rénovation furent planifiés pour le 250e anniversaire de l'inauguration de la place. L'architecte en chef des monuments historiques, Pierre-Yves Caillault, et l'archéologue René Elter furent chargés de réhabiliter la place dans sa configuration d'origine en se fondant sur un tableau anonyme situé au château de Pange en Moselle (Tableau dit « de Pange », retrouvé en 2003). Ce tableau représente la place originelle entourée de ses lices de bois, ainsi que les deux diagonales de dalles sombres. Le cahier de dépenses du chantier de 1751, eux aussi redécouverts, permirent d'apporter également des éléments indispensables à la restauration.
Cette rénovation a inclus la piétonnisation de la place et le renouvellement des sols par un pavement ocre clair avec deux diagonales de pavés noirs, comme à l'époque de Stanislas. Elle a aussi été l'occasion de repenser l'éclairage, de restaurer les façades des édifices donnant sur la place et dans les rues adjacentes, de redorer les grilles, d'élargir les trottoirs et de les border de lices. Les travaux durèrent deux ans et occasionnèrent de grosses modifications du plan de circulation automobile. Le budget de 8 millions d'euros a été financé par la ville de Nancy, l'État (10 %), le conseil régional (28 %) et le conseil général (10 %).
La rénovation donne lieu toute l'année à de nombreuses festivités : Nancy 2005, le Temps des lumières. Le 19 mai a lieu l'inauguration en présence de Jacques Chirac, Gerhard Schröder et Aleksander Kwasniewski, à l'occasion d'un sommet du Triangle de Weimar.
Lors de cette rénovation, une boîte destinée aux générations futures est enfouie sous la place le 15 avril 2005. Cette boîte abrite une météorite lunaire (offerte par le laboratoire du CRPG/CNRS de Nancy) ainsi qu'un livre contenant les pensées, maximes et dessins des Nancéiens, collectés depuis 2004. La position de cette boîte est signalée par une étoile, à quelques mètres face à Stanislas.
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